jeudi 19 mai 2016
mercredi 4 mai 2016
BIA/CAEA - Le puzzle géant de l'Airbus A380, mastodonte des airs
2016 05 04 Le puzzle géant de l'Airbus A380, mastodonte des airs
lepoint.fr/ - AFP - Plus de 23.000 rivets à fixer, 500 km de câbles à connecter: les tronçons de l'Airbus A380, plus grand avion civil au monde, sont assemblés sur un site de 50 hectares, près de Toulouse, dans un mécano pharaonique.
"Attention!
On a les gouttières de toit des maisons qui passent tout près des
camions": dans un algeco installé sur l'aire d'Ordon-Larroque (Gers), le
responsable de l'entreprise de transports Capelle, Daniel Molière, briefe les
dizaines de convoyeurs qui s'apprêtent à transporter sur des camions de 48
roues les six tronçons de l'A380.
Europe
oblige, les sous-ensembles du super-jumbo d'Airbus sont fabriqués au
Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne ou encore à Saint-Nazaire. Ils parcourent
des milliers de km en mer avant de converger vers le port de Langon, près de
Bordeaux. De là, il leur reste 240 km de route, effectuée la nuit à travers le
Sud-Ouest, vers Blagnac, près de Toulouse, où ils seront assemblés pour former
l'appareil de tous les superlatifs.
Des tronçons de l'Airbus
A380, assemblés le 22 avril 2016 sur le site de Blagnac près de Toulouse © REMY
GABALDA AFP
Dans
le petit village endormi de Gimont (Gers), les crissements des pneus écrasés
par des chargements qui parfois dépassent les 100 tonnes sont les seuls à
percer le silence nocturne. Le convoi haut comme un immeuble, de deux km de
long et jusqu'à 10 mètres de large, glisse à vitesse de tortue, pour le plus
grand plaisir des quelques badauds qui se privent de sommeil pour le spectacle.
Les
ailes, longues de 45 mètres, affleurent les maisons, tandis que les morceaux de
fuselage écrasent de toute leur hauteur les édifices les plus imposants du
petit village.
Le
convoi occupe tout ce qu'il peut, montant sur les trottoirs, coupant tout droit
aux ronds points. Des dizaines de "suiveurs" démontent les panneaux
ou les bornes qui gênent, avant de les remonter juste après le passage du convoi
ultra-exceptionnel.
Des tronçons de l'Airbus
A380, assemblés le 22 avril 2016 sur le site de Blagnac près de Toulouse © REMY
GABALDA AFP
"Il
a fallu mettre la route au gabarit", explique Arnaud Cazeneuve,
responsable du transport de l'A380 chez Airbus. Des arbres ont été élagués, des
bordures lissées, des panneaux encombrants reculés.
-
Plus grand site d'Europe -
Au
bout de deux nuits, le convoi arrivera peu avant l'aube à l'usine Jean-Luc
Lagardère de Blagnac, plus grand hall industriel d'Europe qui couvre 50
hectares.
Un
millier de "compagnons", comme on nomme traditionnellement les
ouvriers dans l'aéronautique, vont alors s'affairer pour assembler le puzzle
géant.
Des tronçons de l'Airbus
A380, assemblés le 22 avril 2016 sur le site de Blagnac près de Toulouse © REMY
GABALDA AFP
Sur
"le poste 40", un ensemble d'échafaudages haut comme un immeuble de
cinq étages, Thomas, ajusteur-monteur, emboîte de gigantesques aléseurs
pneumatiques à la jonction entre l'aile et le fuselage. Dans un bruit
assourdissant, l'outil perce la tôle qui peut atteindre jusqu'à 13 cm
d'épaisseur.
"On
fait 500 trous", explique-t-il. Ce sont autant de rivets, certains de la
taille d'un avant-bras, qu'il faudra par la suite visser ou sertir.
"Au
total, 4.032 rivets pour les deux ailes, plus 19.000 pour le fuselage",
explique Thomas Adam, chef de production.
Des techniciens à
l'intérieur d'un Airbus A380, le 22 avril 2016 sur le site de Blagnac près de
Toulouse © REMY GABALDA AFP
Pendant
ce temps, sur le pont supérieur plus vaste qu'un terrain de tennis, un
électricien relie des milliers de fils mauves, rouges, bleus... Outre les
commandes de vol, ce maillage monstrueux commande les 5.000 scénarios
d'éclairage disponibles à bord de l'A380.
Sous
la carlingue, d'autres compagnons fixent un train d'atterrissage d'une tonne,
aux six roues grandes chacune comme un homme, avec des clés grosses comme le
bras d'un rugbyman.
Au
sol, attendent les réacteurs monstrueux capables d'une poussée équivalente à
2.500 voitures familiales. Le diamètre de la bouche du moteur est aussi large
que le fuselage de l'A320, moyen-courrier d'Airbus.
Puis,
après neuf jours d'assemblage, l'avion est soumis à une batterie d'essais qui
durera trois semaines. "Les circuits d'air, de carburants, les mobiles de
voilures, les commandes cockpit...", liste Loïc Megray, responsable de
production.
On
en profite également pour installer quelques sièges, qui semblent bien perdus
sur l'immense pont principal de 80 m de long, encore vide et aux parois nues.
L'avion
sera ainsi prêt pour effectuer son premier vol. Il l'emmènera à Hambourg, où se
feront l'aménagement cabine et la peinture. Pour couvrir l'ensemble de
l'appareil, il en faudra plus d'une demi-tonne. Blagnac (France) (AFP) -
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